Les jeux sont pratiquement faits. Le message d'Inbev est sibyllin : « Le transfert des activités de Molenbeek (maturation du lambic en fûts de chêne) vers le site de Leeuw-Saint-Pierre serait envisagé. Un transfert interne de la mise en fût et en bouteille de Belle-Vue de Leeuw-Saint-Pierre vers Jupille et Leuven pourrait optimaliser la rentabilité. »
Lorsque l'on sait les exigences légales (la loi Renault), il n'est pas difficile de lire entre les lignes. Le site de Molenbeek est condamné. En soi, la perte d'emplois est dérisoire (quelques postes seulement). N'empêche. C'est un symbole du vieux Bruxelles qui s'en va.
de la gueuze industrielle
Remontée dans le temps. Nous sommes au début du XX
La brasserie, qui faisait figure de géant bruxellois, fut reprise par De Boeck en 1966 puis par Vanden Stock, en 1969. Ce dernier, un « coupeur de bière » (il mélangeait les bières au goût du jour) fit merveille et relança les affaires. En 1980, heure de gloire, Belle-Vue faisait travailler 500 personnes. Il n'en reste qu'une poignée. La suite ? En 1990, Belle-Vue entre dans le capital d'Interbrew. Petit à petit, le site est dépouillé de ses activités. Fin des années 1990, une importante activité touristique sauve temporairement le site. Des milliers de touristes venus du Nord viennent découvrir la brasserie.
Le dernier chapitre s'écrit aujourd'hui. Requiem pour Belle-Vue. On se consolera : pas loin de là, la der des der des brasseries de gueuze artisanales (la brasserie Cantillon), elle, demeure. Le géant meurt, le petit Poucet survit. Les vrais amateurs de gueuze ne s'en plaindront pas.